CRITIQUES DE JANVIER 2024 

Un film d'horreur Made In France



Image tirée du film Vermines (2023)

VERMINES de Sébastien Vaniček : 

Résumé

Kaleb, un jeune passionné d’entomologie, achète une araignée exotique. Malheureusement pour lui cette décision sera la source de bien des malheurs. Lui et ses amis devront assumer les conséquences de ce choix inopportun, leur immeuble se matérialisant en quartier général de l’horreur.

Un film d’horreur français

Alors qu’on pourrait croire que ce film traite de vermines et donc d’insectes en règle générale, en réalité il joue seulement sur une peur viscérale (ou phobie) que bon nombre d’entre nous ont : la peur des araignées. Ce film appartient au genre horrifique du « survival », en effet il parvient à renouer avec de vieilles mécaniques bien connues (invasion, survie en milieu hostile) en les renouvelant avec une forme actuelle : si le début du film tisse sagement la toile de l’horreur (progression lente et insidieuse du fléau) dans laquelle les protagonistes vont être prit au piège progressivement, la seconde moitié, elle, a un découpage qui ressemble à celui d’un film d’action, l’horreur est à ce moment-là selon moi reléguée au second plan au profit d’un film qui se veut davantage être bruyant (cacophonie et charivari* entre les personnages) et donc jouer sur les effets sonores qu’à réel film à suspense (montage vif et rapide et gros plans).

Un environnement clos et hostile

Progressivement l’immeuble se transforme tandis que l’écosystème de Kaleb, lui, s’effondre : un nouveau prédateur s’installe, désormais les protagonistes deviennent des proies. Cela est d’autant plus accentué par le fait que l’action se situe dans un environnement brut que sont les HLM, bâtiments froids et lugubres propices au développement d’un mal insidieux (araignées) qui s’épanouit pleinement dans ce labyrinthe aux espaces exigus et entortillés. Même si l’environnement urbain justifie l’épanouissement mortifère des araignées, il reste selon moi un peu trop rapide et pas forcément très réaliste. Les araignées sèment tellement la pagaille que le scénario perd de sa cohérence au fur et à mesure du film (pas de spoil). Cependant cette terreur nouvelle va souder les personnages : désormais une cohésion nouvelle les animent (casse les préjugés des jeunes de banlieues). On a une réel développement des portraits et cela est un bon point.

Conclusion

Ce film dénote de l’univers cinématographique c’est certain, le jeu des acteurs est assez bon (Jérôme Niel pour l’humour) et pour un 1er long métrage du réalisateur c’est honorable. Seulement en dépit de son genre ce film ne m’a pas terrorisé, ni même effrayé comme j’aurais pu l’être pour un sujet qui me ragoute autant que celui des araignées.

Le film n’a pas vocation à être un film social certes mais je trouve dommage qu’il remet au goût du jour les clichés sur les cités (violences policières et affronts des protagonistes, rap surabondant et pas forcément justifié sur la bande son) sans pour autant tomber dans la caricature. Pour ma part j’avoue ne pas avoir accroché au film, qui m’a même plutôt énervé (scénario, effets sonores trop présents)


Ecrit par Auxence



Histoire vraie



Image tirée du film Le Discours d'un roi (2010)

LE DISCOURS D’UN ROI de Tom Hooper : 

Résumé

Dans les années 1930, au Royaume-Uni, le prince Albert, deuxième fils du roi George V, vit un grave problème de bégaiement. L’abdication de son frère aîné Edouard VIII l’oblige à monter sur le trône. Or le roi doit s’exprimer en public Sous les conseils de sa femme, il rencontre Lionel Logue, un orthophoniste australien aux méthodes peu orthodoxes ...

Une trame captivante transcendée par une bande-son splendide

Le film commence avec les magnifiques notes de piano du compositeur Alexandre Desplat. Cette musique intrigante prend alors une tournure dramatique au moment où le prince Albert s'apprête à faire son discours devant la foule de Wembley, le rythme du piano diminue pour subtilement laisser plus d’espace au violon. L'émotion est totale, nous flottons dans l’esprit du prince Albert. La musique permet de nous faire ressentir son angoisse face à la foule. En quelques minutes seulement , notre pathos s’éveille car le grave problème de bégaiement dont souffre le prince Albert est par essence émouvant. La quête de l'épanouissement personnel, bravant les défis d'un handicap, captive inévitablement le public. Cette expérience est intensifiée par la sublime bande-son originale d'Alexandre Desplat, enrichie de ses interprétations magistrales de Mozart et Beethoven, qui amplifient nos émotions.

Une amitié intense, interprétée de manière magistrale

La relation entre George VI et Lionel Logue est tout aussi émouvante. Défiant les conventions sociales, le roi noue une amitié avec un humble orthophoniste australien. Alors que tout semble les opposer, l’un est énergique et l’autre calme, les deux deviennent quand même proches. L'efficacité de cette relation est magnifiée par la performance de Colin Firth, récompensé par l'Oscar du meilleur acteur en 2011, et de Geoffrey Rush, nominé la même année dans la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle. Leur interprétation remarquable renforce la complicité palpable entre les deux personnages.

Une œuvre qui magnifie la réalité

Cependant, cette intensité émotionnelle détourne l'attention de la structure stylistique de l'œuvre. Les plans sont beaux mais peu innovants, les décors simples. Le fond prime alors sur la forme. Le cadre historique, pourtant crucial, est balayé assez promptement. En pleine période des « Dirty Thirties », marquée par une grave crise économique et un chômage massif, l'Angleterre connaît une transformation profonde. Toutefois, cette réalité du peuple est négligée au profit de l'intrigue principale. Malgré les disparités sociales évidentes, Lionel Logue paraît étonnamment à l'aise dans son environnement social. Sa seule interaction avec un citoyen ordinaire est ainsi teintée d'irréalisme, ne reflétant pas fidèlement la souffrance de l'Angleterre des années 30. Il est également regrettable que le film présente des inexactitudes historiques comme la scène où Winston Churchill, alors député, aide le duc d'York à se préparer à devenir roi. En réalité, Churchill s'est égaré en soutenant fermement son ami Édouard VIII, malgré l'opposition de la grande majorité des députés.

Conclusion

Malgré ces quelques imperfections, je vous recommande vivement de visionner ce film, disponible sur des plateformes de streaming telles que Netflix.


Ecrit par Nathan