Un parfait inconnu - James Mangold


New York, 1961. Au cœur de l'effervescente scène musicale et culturelle de l'époque, un énigmatique jeune homme de 19 ans arrive dans le West Village depuis son Minnesota natal, avec sa guitare et un talent hors normes qui changeront à jamais le cours de la musique folk américaine. Un parfait inconnu est un film biographique de James Mangold adapté du livre d'Elijah Wald, Dylan électrique: Newport 1965, retraçant les débuts de la carrière du légendaire Bob Dylan. Le film nous transporte dans l’atmosphère chaleureuse et vibrante des années 60, rythmée par les (très) nombreuses ballades. Cryptique, rebelle et provocateur, il n’est pas question ici de peindre un portrait psychologique artificiel du chanteur mais plutôt de nous livrer les coulisses de son art, de ses aspirations et de ses rencontres.


Ce film s’inscrit également avec précision dans son époque, celle d'une révolution de la musique, mais également de la société. Il est captivant de revivre, à travers le regard de la jeunesse de l’époque, des événements marquants de l’histoire américaine comme la lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam ou la mort du Président Kennedy. La volonté de Dylan de s'émanciper du mouvement folk fait écho aux volontés de liberté et de contestations d’une jeunesse entière, et sa musique se positionne comme une hymne à ces aspirations.


La première chose à saluer est la performance de Timothée Chalamet. Ce rôle a sans aucun doute nécessité une grande préparation, notamment apprendre à chanter et à jouer de plusieurs instruments. Il a su capturer l’essence d’une figure mystérieuse, à travers sa voix, son regard, ses manières et sa façon de parler. Chalamet a apporté une touche de charme, d'authenticité et d’émotion propre à ses performances, sensibilisant le spectateur à ce personnage qui peut sembler complexe, distant et nonchalant.


Une autre performance qui m'a marquée est celle d'Edward Norton dans le rôle de Pete Seeger. Il y a quelque chose d'incroyablement touchant dans sa façon d'incarner un mentor profondément passionné et bienveillant, bien que dépassé devant l’évolution de celui qu’il a pris sous son aile.


Après Walk the Line, James Mangold nous offre une nouvelle fois une biographie soignée et exaltante. Bien plus qu’un simple biopic, A Complete Unknown est une immersion dans une époque. Une époque qui peut sembler lointaine pour un public contemporain mais que Mangold rend à la fois sublime et captivante. Cependant, l’enjeu du récit reste difficile à cerner pendant une longue partie du film. Les thématiques du génie artistique, de l’image, de l’identité et de la rébellion s'entremêlent. On en apprend finalement assez peu sur la personne de Bob Dylan. À juste titre, il reste énigmatique, inaccessible et presque complètement inconnu.


Nolwenn Kmeid